Google Museum

Google qui n’est jamais en manque de moyens pour numériser le monde réel sur un écran de portable, a dévoilé le 1er février dernier le projet Google Art. En collaboration avec 17 musées internationaux – du MoMA à New York au Rijksmuseum d’Amsterdam, de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg à la National Gallery de Londres et la Tate – Google Art offre une visite virtuelle en vue subjective des galeries d’exposition. Il vous permet non seulement de se promener a la souris dans les couloirs et les salles, mais aussi de voir certaines reproduction numériques de ces oeuvres avec une résolution plus fine que si vous étiez en face de la peinture (14 milliards de pixels). Google avait déjà utilisé cette technologie de prise de vue lors du projet Google Earth Prado en 2009. Du coup, on s’étonne alors que les statues et oeuvres en volume ne soient pas déjà en 3D (voir aussi Google Body).

La reproduction d’une oeuvre peut-elle se substituer à la fréquentation de l’objet réel ? L’expérience du regard sur une reproduction est totalement différente. Bien que Google Art offre des images d’une qualité stupéfiante, un certain sens surnaturel que de grandes peintures fournissent parfois, le sentiment que vous êtes en présence de l’artiste et que quelque chose peut vous parler directement à travers le temps et l’espace, disparait. Ce n’est pas neuf.

La visite virtuelle sur internet peut-il se substituer au pèlerinage physique dans les musées et les sites trop distants ? La technologie utilisée par Google est la même que celle de Street View, elle est constituée de prises de vue 360° sur des points d’intérêt éloignés de quelques mètres, dont le fondu enchainé est calculé par votre navigateur. L’impression de volume est approximatif, les images sont parfois surexposées ou déformées, la navigation est capricieuse dans les salles non rectilignes. On est encore loin de la visite architecturale. Et comme nous l’avions déjà remarqué il y a 12 ans avec les projets de CD/DVD-Rom de visite virtuelle de musée : le résultat est un lieu désert qui se survole plus qu’il ne se parcours. Le visiteur court-circuite la scénographie. Il désosse le travail de présentation des commissaires et des conservateurs, au profit parfois d’un certain zapping.

Les médias additionnels et audioguides associés à chaque oeuvre ont été sélectionnées par les équipes de chaque musée, c’est une très bonne chose. Il y a beaucoup de marge de progression là encore. Les directeurs de galerie impliqués dans le projet sont bien sûr convaincus que Google Art étendra la curiosité des publics, et que le projet agira comme une publicité pour ceux qui ne peuvent se rendre au musée.

On peut seulement supposer que les musées ne participent pas – le musée du Louvre à Paris et le Musée du Prado à Madrid, par exemple – sont moins sûrs de cette équation.

3 commentaires

  1. A la re-lecture, je me rends compte que mon avis est un peu critique et orienté. Je dois quand même ajouter que ce projet démontre un stupéfiant savoir faire – tant au niveau technologique qu’organisationnel – de la part de Google.
    Et quant on sait que ce projet a été conçu et développé dans les « 20 percent time » (un jour par semaine consacré par les équipes interne à travailler sur autre chose que sa fiche de poste) de l’entreprise, on devient admiratif.

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