Difficile de trouver un article ou un post sur internet qui parle d’autre chose que Wikileaks depuis plusieurs semaines. La majorité des journalistes y voient l’acte de naissance auprès du grand public du datajournalisme et du Cloud computing. Pourquoi maintenant ? La plupart des sites se trouvent déjà « dans les nuages ». Depuis plusieurs années, les particuliers et les entreprises téléchargent leurs contenus sur Flickr, Youtube, iTunes, Basecamp, Wikipedia, … aucun de ces sites ne gèrent qu’un seul entrepôt de fichiers, mais ils s’appuient sur une grille de serveurs en Cloud computing. Des fermes de serveurs naissent tous les jours sur la planète pour stocker, gérer, sécuriser, et rendre accessible ces données indifférenciées (Google à lui seul opère plus d’un million de serveurs).
Wikileaks, dans sa fuite en avant pour faire héberger ses données dans le Cloud, fait apparaitre la fonction technique d’hébergement distribué sans résidence fixe comme stratégique pour l’activité d’un site internet. Apparemment invulnérable et ultra-sécurisé, le système du Cloud reste cependant commercial et sensible aux pressions politiques (incroyable de voir comment les entreprises américaines lâchent Wikileaks les unes après les autres). Dans le même temps, la résistance s’organise sur d’autres systèmes de partage de fichiers, qui deviennent une vraie forme de résistance indépendante. Le fond de l’affaire, est que la neutralité publique du Cloud computing n’a jamais été avérée.
Comme des milliers d’entreprises dans le monde, reciproque utilise stocke son patrimoine numérique dans le Cloud computing, via des fournisseurs comme Amazon (S3) et Google (Google Apps). Depuis quelques temps, nous concevons, testons et déployons de nouvelles applications très prometteuses en gestion et de diffusion d’assets en Cloud computing pour les musées. Sans remettre en cause les points forts d’une infrastructure dans les nuages et son déploiement inéluctable dans toutes les structures de l’industrie numérique, il faudrait au préalable s’entendre sur le fait que le futur du Cloud computing doit être un service public, appartenant à tous les citoyens, et dont la gouvernance publique doit faire l’objet d’un débat démocratique. Comme les routes, les fréquences hertziennes appartiennent à tout le pays. Dans une économie de l’immatériel, le Cloud computing ne devrait pas être opérée et régulée uniquement par des opérateurs privés. Il est fondamental que l’Etat ou l’Europe puissent proposer une offre de service public, non commerciale, neutre, permettant optimiser la circulation de l’information culturelle et éducative sur les réseaux pour tous. Comment ? Des grands projets ne manquent pas dans le patrimoine numérique.
La cyberguerre en Tunisie, ça change tout. Le cloud computing ça se passe ici aussi : http://english.aljazeera.net/indepth/features/2011/01/20111614145839362.html